Mort du Cèdre de la Porte de Fourqueux

Un des symboles de Fourqueux viens de disparaître dans l’indifférence générale…

Le cèdre est désormais décapité.

Il ne reste qu’un tronc nu, qui va probablement bientôt disparaître, lui aussi.

Ce cèdre presque trois fois centenaire a vu défiler plusieurs générations de Foulqueusiens.

  • C’est arbre que l’on nous dit « mort » ne l’est pas devenu subitement.
  • A-t-il fait l’objet d’un suivi régulier, des mesures curatives concernant sa préservation ont-elles été menées.
  • Enfin, de quelle maladie souffrait-il ?
  • Cette option d’abattage était-elle la seule issue ?
  • N’y avait t il pas possibilité d’informer les Foulqueusiens au regard de sa valeur symbolique ?
  • Pour quelle raison n’a-t-il pas été proposé de replanter un nouveau cèdre à cet emplacement ?

Mais qu’a-t-il été fait pour le protéger ?

Quel euphémisme qui n’atténue en rien cette perte irrémédiable. Cet arbre représentait l’héritage laissé par les générations précédentes qui ont su le préserver, qui en ont pris soin et l’ont mené jusqu’à nous avec pour devoir de le transmettre aux générations suivantes.

Après la disparition inique de notre village par la seule décision des élus le 1 janvier 2019. Cet arbre d’une valeur historique et sentimentale nous était doublement précieux !

HISTORIQUE DE L’INTRODUCTION DU CEDRE EN FRANCE

Le premier spécimen fut planté sur le flanc de la butte du Labyrinthe au Jardin Royal des plantes médicinales. Il dépasse actuellement les 20 m.

Le Jardin Royal des plantes médicinales aujourd’hui nommé Jardin des Plantes situé à Paris a été créé par Guy de La Brosse à Paris en 1635.

Charles Bouvard de Fourqueux, premier médecin du roi fut Surintendant du jardin de 1640 à 1643

Son fils Michel Bouvard de Fourqueux fut Intendant du jardin de 1641 à 1646

Le second spécimen fut donné à Daniel Charles Trudaine beau-père de Anne Marie Rosalie Bouvard de Fourqueux, intendant général des Finances et directeur des Pépinières royales, et fut planté dans sa propriété à Montigny-Lencoup, en Seine-et-Marne : il atteignait 32 m de hauteur lorsqu’il fut abattu en 1935 par un orage.

HISTORIQUE DE LA PLANTATION DU CEDRE A FOURQUEUX

Nous ne disposons que de très peu d’informations concernant la plantation du Cèdre de la Porte de Fourqueux.

Il est mentionné dans la monographie communale rédigée probablement entre 1885 et 1887 et est également évoqué en 1926 dans un ouvrage de Alfred Valette, où il est indiqué que selon la légende il remonterait à Louis XIII. Ce qui est impossible car le cèdre n’a été introduit en France qu’en 1734 !

Il est évoqué également dans un ouvrage de L. Sylvestre de Sacy (1867/1928), dont extrait :

Toutefois, il est clair que des liens évidents existaient entre la famille Bouvard (Seigneurs de Fourqueux), le Jardin des Plantes où fut planté un des deux premiers plants et la famille Trudaine où fut planté dans le parc du château de Montigny dont ils étaient propriétaires, le deuxième plant rapporté en France en 1734.

Michel II Bouvard de Fourqueux, seigneur de Fourqueux (1719/1789)

Que sait-on de lui ?

Il occupe les fonctions de Magistrat-Conseiller au Parlement de Paris, Procureur général de la Cour des comptes conseiller d’État et éphémère Contrôleur général des Finances de Louis XVI en avril 1787.

Selon BESENVAL : « Il vivait le plus souvent dans sa propriété de Fourqueux au milieu des fleurs et des plantes ; sa conversation n’était que greffes et boutures »

Jean Charles Philibert de Trudaine de Montigny, (1733/1777)

Que sait-on de lui ?

Il était le fils unique de Daniel Charles de Trudaine de Montigny qui eut le privilège de se voir offrir un des deux cèdres ramenés en France en 1734, cèdre qui fut planté dans le parc de son château.

Jean Charles Philibert a épousé le 9 janvier 1762, Anne Marie Rosalie Bouvard de Fourqueux, une des deux filles de Michel II Bouvard de Fourqueux. De cette union naîtront Charles louis né en 1764 et Charles Michel né en 1766, tous deux guillotinés en 1794. Ils furent emprisonnés avec leur ami d’enfance André Chénier, poète dont nous savons qu’il appréciait le village de Fourqueux pour y avoir séjourné. A. Chénier fut guillotiné la veille de l’exécution de ses deux très chers amis Trudaine.

Il n’y a donc aucune aberration d’en déduire que ce Cèdre abattu n’était autre que le fruit d’une des boutures d’un des deux premiers spécimens ramenés en France par Bernard de Jussieu en 1734. Soit l’un des « fils » de celui qui se trouve au Jardin des Plantes ou de celui planté au Château de Montigny.

On peut donc conclure que le Cèdre de la Porte de Fourqueux a été planté avant 1789 par Michel Bouvard de Fourqueux (1719/1789) ou par Jean Charles Philibert Trudaine de Montigny (1733/1777).

Quid des deux autres cèdres encore présents sur le territoire, celui situé à la Croix Rouge et celui situé rue du Maréchal Foch. Etonnamment, ces trois cèdres sont plantés aux deux extrémités du parc de l’ancien château de Fourqueux (Golf) et à l’entrée de Fourqueux.

Ce positionnement interpelle et ne peut manquer de nous interroger sur leur origine, ne sont-ils pas les frères du Cèdre abattu ?

Dans tous les cas, il conviendrait qu’ils ne subissent pas le même sort que celui réservé au Cèdre de la Porte de Fourqueux.

CAB

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